En ce moment :
La vie en rose, CDAR, Villodon, jusqu'au 4 avril 2025.
Abysses, exposition collective avec le collectif Dire Autrement, La Grange aux Dîmes, à Rots, les week-ends du 29-30 mars & 5-6 avril 2025.
A venir :
"Rétrospective 2014/2024" 100+, Réalité art actuel en Pré-Bocage Normand,
Galerie de la Teinturerie, du 23 mai au 5 juin 2025, vernissage samedi 24 mai 11h00.
Fragments, exposition collective avec le collectif Dire Autrement, la Menuiserie / Kalbass'Art, Clécy, les week-ends du 10-11 mai & 17-18 mai 2025.
Fragments, exposition collective avec le collectif Dire Autrement, Fleury, 24-25 mai 2025.
Abysses, exposition collective avec le collectif Dire Autrement, La Bouée, Cherbourg, 2026.
Je me consume
/ Les trois Glaucé
Je me consume est une performance présentée avec l'association Métamorphoses lors de plusieurs expositions sur le thème du féminin dans le mythe de la création. Des binômes paritaires d'artistes ont été formés afin d'interpréter des œuvres en rapport avec plusieurs entités féminines des cinq continents. Retrouvez ici les autres œuvres et présentations d'artistes.

Léna h. COMS Les Trois Glaucé
Léna h. Coms a perdu ses œuvres dans un incendie, notamment celles sur Glaucé. Elle réalise donc une performance avec la robe de Patrick Arman SAVIDAN qu'elle habille d'un de ses textes : "les Deux Glaucée". Ce texte poétique et théâtral croisent les destins de Elena Vladimirovna Maïrova (30 mai 1958 - 23 août 1997) et de Martha Mansfied (14 juillet 1899 – 30 novembre 1923). Deux actrices mortes dans l'embrasement de leurs robes.
Léna h. Coms porte une tunique brodée par Patrick Arman Savidan.




..."elle s'était saisi ,et enveloppée du voile plein d'artifice"... Euripide, Médée, scène XIX-vers 1158-
Dans la tragédie grecque d’Euripide, Médée, (431 av J.-C), le meurtre de Créüse se situe à la scène XIX- vers 1116-1235 - l’épisode tragique traité par l’auteur s’inspire du mythe de Médée, qui a trahi son père et tué son frère pour aider Jason, dont elle est amoureuse, à reconquérir son trône. Mais Jason répudie Médée pour épouser Créüse fille de Créon, roi de Corinthe. Médée, outragée, répudiée, chassée, décomposée par la douleur, prépare sa vengeance. Euripide en profite , dans la tragédie, pour dénoncer la condition difficile de l’étranger et de l’épouse soumise dans la société de Corinthe. Dans son adresse au chœur, « Femmes de Corinthe », prononcée par Médée, Euripide scelle le sort des femmes opprimées : « La femme est toujours pleine de frayeur, mauvaise à la lutte et au fer ; mais quand l’injustice l’atteint dans son lit, il n’y a pas d’esprit plus sanguinaire ». Médée prépare sa vengeance. Elle fait apporter à Créüse une robe empoisonnée. Entre les fibres de lin et de sisal, entre la chaîne et la trame, dans les colorants des laines et le miroir du verre se dissimulent le colchique, le doryknion, la cantharide, le buprestis, l’aconit, la ciguë, l’if dont les effets dévastateurs vont enflammer le corps tout entier de Créüse. Ce feu, arme du crime au pouvoir ravageur, va s’étendre au roi Créon, puis au palais de Corinthe. Tout est dit. La robe de Créüse, enveloppe dévorante, est brodée des noms des poisons écrits en grec ancien. Devenues signes, ornements, parures, les lettres détournées de leur lisibilité première, métamorphosées en dessins illusoires, portent en elles la radicalité d’une violence invisible qui procède d’une destruction criminelle. Le théâtre grec a su mettre à distance, hors scène, la monstruosité de l’acte nourri du mythe, et par extension sa laideur morale. Notre société dévoile hélas, au grand jour, des travers identiques, sans littérature, sans poétique du verbe : l’acte barbare est ancré dans nos vies, le visage du poison a changé.
Patrick Arman Savidan
Répudiée par Jason, Médée offre une robe empoisonnée à sa rivale Glaucée, nouvelle épouse de Jason. Plus près de nous, au XXe siècle, deux actrices, l'une américaine, l'autre russe, sont morte brûlées par leur robe. Personnage dédoublé, comme l'acteur et son double... Elena Vladimirovna Maïorova, actrice de théâtre et de cinéma russe, est née le 30 mai 1958 à Ioujno-Sakhalinsk, elle meurt le 23 août 1997 à Moscou dans des circonstances tragiques. Pour des raisons non élucidées, sa robe s’enflamme dans la cage d’escalier de son immeuble. Transformée en torche vivante, elle traverse l’esplanade qui sépare son immeuble de l’entrée des artistes du Théâtre d’Art, où, appelant à l’aide, elle perd connaissance. Ses vêtements synthétiques fondent sur elle, lui causant des brûlures sur 85 % de la surface de son corps. Elle est transportée d’urgence à l’Institut Skifossovski sans pouvoir être sauvée. Martha Mansfied (14 juillet 1899 – 30 novembre 1923) est une actrice américaine du cinéma mut et de pièces de Vaudeville. Le 30 novembre 1923, pendant le tournage du film The Warens of Virginia, un fumeur de l’équipe de tournage jette une allumette sur le plateau de tournage et met le feu au costume de l’actrice, un costume d’époque de la guerre de Sécession. Elle meurt moins de vingt-quatre heures après dans l’hôpital San Antonio. Texte augmenté et performé pour l'exposition collective Le féminin dans les mythes de la création.
Texte de la performance :
Les trois Glauce(s)
— Nous sommes le 30 mai 1958. Mon nom est Elena Vladimirovna Maïrova. Je suis russe. Aujourd’hui, j’ai reçu une robe de mariée empoisonnée.
— Nous sommes le 30 novembre 1923. Mon nom est Martha Mansfield. Je suis américaine. Aujourd’hui, j’ai reçu une robe de mariée empoisonnée.
— Pourquoi est-ce à la fin du mois qu’on nous marie ?
— Je n’aime pas le trente.
— Quelle est cette guerre froide qui nous sépare ? Nous ne sommes que des actrices. Ne vous en prenez pas à nous… Ce n’était que de la comédie. Des films en russe, des films muets.
— Pourquoi Médée nous en veux-tu ?
— Ne glousse pas en entendant mon nom. Ce n’est pas drôle, je suis en feu. Viens plutôt m’éteindre pendant que je me consume. Je ne suis pas un phénix. Ce n’est pas vrai, on t’a menti. Éteins cette cigarette, depuis que je suis morte vive, je déteste la fumée. Mes bas de nylon me brûlent, là, à l’entrecuisse. Qu’est-ce que cette chaleur soudaine, la ménopause ? Sommes-nous si vieilles ? Vraiment, je n’ai pas vu le temps passer.
— Pour des raisons non élucidées, dans la cage d’escalier de mon immeuble, ma robe s’est soudainement enflammée. J’ai traversé l’entrée des artistes comme une torche vive.
— A l’aide ! Au secours ! Arrêtez ce salaud !
— Où est-il ?
— Dans mes bras…
— Ce n’est pas terrible les vêtements synthétiques, c’est beau, c’est pas cher, mais ce n’est pas pratique. Martha, ne prends que du coton, crois-moi, ça vaut beaucoup mieux.
— Tu sais, Elena, on ne porte pas encore la bakélite par chez nous, c’est bon pour les vinyles...
C’était la guerre dans mon costume, la Sécession. C’est fou ce que ça flambe vite la Sécession. On ne fait rien, et ça part en fumée. Une cigarette jetée à l’improviste parait-il. J’ai arrêté la clope depuis.
— Ce ne sont pas seulement les lieux publics qui devraient être non fumeur, la rue aussi. C’est si dangereux de vivre.
— Mettre le feu à la scène, tu parles !
— Deux torches vives à quelques années d’écart. Médée survit même au temps. La fille du soleil est très forte, très très fort… (elle fume et lance une bouffée de cigarette)
Elena Vladimirovna Maïorova, actrice de théâtre et de cinéma russe, est née le 30 mai 1958 à Ioujno-Sakhalinsk, elle meurt le 23 août 1997 à Moscou dans des circonstances tragiques. Pour des raisons non élucidées, sa robe s’enflamme dans la cage d’escalier de son immeuble. Transformée en torche vivante, elle traverse l’esplanade qui sépare son immeuble de l’entrée des artistes du Théâtre d’Art, où, appelant à l’aide, elle perd connaissance. Ses vêtements synthétiques fondent sur elle, lui causant des brûlures sur 85 % de la surface de son corps. Elle est transportée d’urgence à l’Institut Skifossovski sans pouvoir être sauvée.
Martha Mansfied (14 juillet 1899 – 30 novembre 1923) est une actrice américaine du cinéma mut et de pièces de Vaudeville. Le 30 novembre 1923, pendant le tournage du film The Warens of Virginia, un fumeur de l’équipe de tournage jette une allumette sur le plateau de tournage et met le feu au costume de l’actrice, un costume d’époque de la guerre de Sécession. Elle meurt moins de vingt-quatre heures après dans l’hôpital San Antonio.
Mon nom est Léna h. Coms, le 10 février 2021, mon appartement a pris feu. Mon œuvre s’est consumé, presque tout à brûlé, ma pénate1 est restée.
Je travaillais (en peinture) sur le portrait de Glaucé, sans être satisfaite tout à fait.
Je ne portais pas de robe, je n’ai pas brûlé.
Il y a beaucoup à (re)commencer. Je vais recréer, je suis la porteuse de mon savoir et de mon savoir-faire.
Ce qui était avant était très bien, ce qui viendra sera encore mieux.
Merci à vous tous pour votre soutien.
Je suis un phénix.
1 Gardienne du feu du foyer